La Concertation pour Haïti (CPH), un regroupement de solidarité avec le peuple haïtien, condamne fermement l’assassinat du président de facto, Jovenel Moïse, le 7 juillet dernier, dans sa résidence privée. Bien que les critiques légitimes à l’endroit du président se soient intensifiées au cours des derniers mois, d’autant plus que son mandat était arrivé à terme depuis le 7 février 2021, cela ne saurait justifier cette attaque frontale contre la démocratie en Haïti. La CPH présente ses vœux de prompt rétablissement à son épouse grièvement blessée au cours de cette attaque. La CPH espère que la lumière pourra être faite rapidement sur les responsables, exécutant.e.s, auteur.e.s intellectuels et financiers de ce tragique évènement et que justice sera faite.
Cet assassinat rend impossible le passage du pouvoir d’un président élu à un autre président élu et donc, ouvre de fait une période de transition qui pourrait être déterminante pour l’avenir du pays. S’il est impossible de respecter la lettre de la Constitution, une telle situation n’ayant pas été prévue et les institutions qui auraient pu prendre le relais ayant été mises hors d’état de fonctionner par les deux gouvernements du PHTK, le parti au pouvoir en Haïti depuis 10 ans, il est toujours possible de s’inspirer de l’esprit de cette constitution pour mettre en place une structure de transition négociée entre les différents corps organisés de la société haïtienne. Des négociations en ce sens vont d’ailleurs bon train et nous espérons qu’elles permettront de trouver dans les meilleurs délais, des solutions aux multiples problèmes auxquels le pays fait face.
L’autre grande question qui se pose est bien sûr celle de la position de la communauté internationale. Soulignons que le 9 juillet dernier, une agence haïtienne, AlterPresse, soulignait le fait que « Six pays étrangers sont mentionnés pour le moment en relation avec l’attentat mortel dont a été victime le président Jovenel Moïse… ». Les dirigeants actuels ont déjà demandé de l’aide à la communauté internationale. Il pourrait être tentant d’utiliser cette position de force pour imposer au pays des solutions. Cette voie a déjà été adoptée et n’a pas donné de bons résultats. En Haïti, les groupes organisés de la société travaillent depuis près de deux ans sur une formule de transition qui serait un nouveau départ pour le pays. Il est grand temps d’écouter le peuple haïtien et de l’appuyer dans ses choix. La communauté internationale devrait soutenir les efforts mis en place localement pour permettre l’établissement d’un gouvernement de transition qui jouirait d’un large consensus et qui pourrait commencer à s’attaquer au climat d’impunité, à l’insécurité, à la corruption et à la pauvreté endémique dans le respect du droit à l’autodétermination de la population haïtienne.
Marc-Édouard Joubert et Jean- Claude Icart, pour la Concertation pour Haïti.
Montréal, 12 juillet 2021.
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