Montréal, le 19 décembre 2018 – La COP24 s’est achevée samedi à Katowice, en Pologne, après deux semaines de discussions entre les représentant-e-s de 196 pays. L’adoption des règles d’application – même minimales – de la mise en œuvre de l’Accord de Paris de 2015, constitue la réussite principale de la 24e conférence des parties (COP24). L’AQOCI se réjouit de l’atteinte de cet objectif qui marque au moins la poursuite du multilatéralisme autour de la question de la lutte aux changements climatiques. Nous tenons aussi à féliciter les négociatrices et négociateurs canadiens pour le rôle positif qu’ils et elles ont joué, selon plusieurs observateurs, dans le cadre des négociations difficiles.
Pour le reste cependant, la conclusion de la COP24 témoigne surtout d’un manque flagrant d’ambition et d’engagement de la part des pays du Nord. Quelques mois seulement après la publication du rapport du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) soulignant l’urgence d’agir et d’opérer un virage sans précédent dans tous les aspects de la société pour parvenir à contenir la hausse de la température à 1,5 °C, on s’attendait à ce que les principaux pays responsables du réchauffement climatique, comme le Canada, démontrent plus de leadership. On espérait qu’ils fassent preuve, dans un tel contexte, de solidarité climatique.
Des cibles de réduction des gaz à effet de serre grandement insuffisantes
« À l’heure actuelle, les cibles que les États se sont données en matière de réduction de gaz à effet de serre (GES) sont grandement insuffisantes et nous placent sur la trajectoire d’un réchauffement de plus de 3 degrés. Les conséquences de cette hausse seront catastrophiques » souligne Frédérique Thomas, coprésidente de l’AQOCI. Et pourtant, les pays du Nord n’ont pas jugé bon de prendre des engagements renforcés en matière de réduction de GES et ont choisi de reporter cette discussion à plus tard. Le problème, c’est que du temps, il n’en reste plus beaucoup. En fait, selon le GIEC, il ne reste que 12 ans pour prendre les mesures nécessaires afin d’éviter que les pires conséquences ne deviennent irréversibles. C’est une occasion manquée.
Le Canada notamment, un des pires émetteurs de GES par habitant, doit absolument et rapidement se donner une cible beaucoup plus ambitieuse. Pour y parvenir, l’AQOCI appuie la demande formulée par le Réseau action climat Canada de mettre en place « un processus en 2019 pour mettre le pays sur la voie d’un engagement en faveur du climat compatible avec un monde à 1,5 °C. » Cela exigera notamment de procéder à une transition énergétique dans le respect des droits des travailleuses et des travailleurs. À cet égard, nous nous réjouissons de l’adoption à Katowice d’une déclaration internationale pour une transition énergétique juste, ainsi que du dialogue amorcé au Canada sur cet enjeu.
Un financement loin d’être à la hauteur des besoins des pays du Sud et de la responsabilité des pays du Nord
Les pays du Sud subissent déjà les conséquences des changements climatiques même s’ils n’y ont que peu ou pas contribué. En raison de leur responsabilité historique dans le réchauffement de la planète, les pays du Nord ont donc le devoir d’appuyer les pays les plus vulnérables qui sont forcés de s’adapter aux conséquences des changements climatiques. « Malheureusement, la promesse des pays du Nord de fournir conjointement 100 milliards par année pour soutenir l’action climatique dans les pays du Sud n’est pas en voie d’être réalisée. Seulement environ la moitié de cette somme a été atteinte jusqu’à maintenant. Les pays du Nord, dont le Canada, doivent faire leur juste part » conclue Michel Lambert, coprésident de l’Association.
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L’AQOCI était présente à la COP 24
Denis Côté, analyste des politiques à l’AQOCI, a réalisé avec Funambules médias 6 capsules vidéo présentant, à travers le point de vue de 28 personnes déléguées de diverses organisations provenant de toutes les régions du monde, les enjeux de cette importante conférence.
Pour visionner ces capsules vidéo : https://bit.ly/2SU8it3
POINTS SAILLANTS TIRÉS DES COMMUNIQUÉS ET DÉCLARATIONS DE DIVERS GROUPES
Secrétaire général de l’ONU, M. Antonio Guterres
- L’urgence évoquée par le rapport spécial sur le réchauffement de la planète publié en octobre par le Groupe intergouvernemental d’experts sur l’évolution du climat (GIEC).
- Le Secrétaire général de l’ONU a appelé les délégations à renforcer leur ambition en ce qui concerne « les flux financiers prévisibles et accessibles pour la transition économique vers un monde à faibles émissions et résilient face au changement climatique ».
Cependant, il a exhorté les pays développés à « augmenter leurs contributions pour mobiliser conjointement 100 milliards de dollars par an d’ici 2020 », comme stipulé dans l’Accord de Paris.
Greta Thunberg, jeune militante suédoise
- S’il n’est pas possible de trouver des solutions à la crise climatique à l’intérieur du système actuel, il est temps de changer de système.
CNCD 11.11.11 (Belgique)
- Une augmentation drastique de l’ambition au niveau mondial est plus que jamais pourtant nécessaire pour limiter le réchauffement à un maximum de 1,5 °C et rester en ligne avec le rapport du GIEC.
Réseau action climat canada
- Elle a permis d’avancer sur certains points, tout en plaçant le véritable travail de lutte contre le changement climatique au premier plan des gouvernements nationaux.
- À l’instar de nombreux pays, le Canada est loin d’une trajectoire compatible avec un monde à 1,5 °C et doit s’engager à se mettre sur la bonne voie maintenant.
- Les négociateurs canadiens ont joué un rôle constructif au cours de la conférence.
- Cependant, le Canada n’a pas réitéré son intention antérieure d’augmenter l’ambition de son engagement en faveur du climat d’ici à 2020, comme d’autres pays. Cela représente une occasion manquée de faire preuve de leadership sur la scène mondiale. Il est essentiel que la ministre McKenna fasse preuve de leadership à son retour chez elle en annonçant que le Canada se dotera d’un processus en 2019 pour mettre le pays sur la voie d’un engagement en faveur du climat compatible avec un monde à 1,5 °C.
Congrès du travail du Canada
- Les syndicats canadiens félicitent le Canada et les autres partis d’avoir signé la Déclaration de Silésie « Solidarité et transition juste ». Nous espérons voir un engagement en faveur d’une transition juste liée aux droits humains et contribuant à l’élaboration d’un plan d’action climat plus ambitieux, conçu pour maintenir le réchauffement climatique en dessous de 1,5 C.
ENJEU (Environnement JEUnesse)
- Malgré cet engagement du Canada, notre pays est parmi les pires émetteurs de gaz à effet de serre par habitant. Au retour de Katowice, je demande au gouvernement canadien de nous dire comment il entend assumer sa part équitable du fardeau climatique pour protéger les droits des enfants et des générations futures.
British Columbia Council for International Cooperation (BCCIC)
L’annonce d’une augmentation de l’ambition du Canada en 2020 est un progrès positif, mais 2020 est un an trop tard. Le Canada doit doubler ses objectifs de réduction des émissions, soit de 60 % par rapport au niveau de 2005 d’ici 2030, afin d’être conforme à la norme de 1,5 °C. Il doit également mettre en œuvre une législation pour donner suite à ces engagements. Parallèlement à la révision de ses objectifs nationaux, le Canada doit redoubler d’engagements en matière de financement de la lutte contre le changement climatique en accordant au moins 4 milliards de dollars par an, dont 1,9 milliard de dollars en contributions du secteur public, afin d’aider les pays en développement à prendre des mesures d’adaptation et d’atténuation. Il est impératif que le Canada agisse immédiatement afin de contribuer équitablement à la réduction collective des émissions mondiales nécessaire pour préserver un climat inférieur à 1,5 °C. »
FTQ
- La transition énergétique offre un grand potentiel de croissance économique, mais elle peut également être un risque d’injustice sociale si elle n’était pas préparée adéquatement. Pour être « juste », la transition énergétique doit permettre aux travailleurs, communautés et entreprises touchés de s’adapter aux nouvelles réalités que ces grands changements provoqueront.
Greenpeace
- Le fait que les États aient pu, malgré tout, adopter des règles d’application minimales pour l’Accord de Paris montre qu’une forme de multilatéralisme autour de l’enjeu climatique reste possible. Hélas, sans l’ambition nécessaire, cette diplomatie risque de perdre peu à peu de sa consistance.
Équiterre
- Bien que le résultat final de la COP24 n’est pas aussi ambitieux que désiré, les Parties ont réussi à établir les règlements pour l’Accord de Paris et ont été appelées à revenir aux deux prochains COPs avec plus d’ambition.
- Mais il faut faire davantage. J’ai entendu à maintes reprises à la COP24 que limiter le réchauffement moyen à 1,5 °C est faisable du point de vue technologique et économique — il suffit d’une volonté politique. Et comme l’a dit le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, lorsqu’il est revenu à Katowice cette semaine : « Si nous gaspillions cette occasion, nous perdrions notre dernière chance de mettre un terme aux changements climatiques. Ce serait non seulement immoral, mais aussi suicidaire. »
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