Les causes profondes des migrations et des déplacements forcés en Amérique latine
Néolibéralisme, accroissement des inégalités et violations des droits humains
Date de tombée : 30 août 2019
Présentation de la revue
Caminando est une revue de réflexion et d’engagement qui diffuse depuis 1980 une information alternative sur les luttes sociales et les droits humains en Amérique latine. Caminando publie des articles portant un regard critique sur les grands enjeux qui animent la vie sociopolitique latino-américaine et sur les luttes pour la défense des droits et pour l’autodétermination menées en Amérique latine, mais aussi Québec et au Canada. La revue publie également des récits et des poèmes, de même que des illustrations et photographies portant sur les thématiques abordées dans chaque numéro. Caminando paraît une fois l’an en français en format papier. Les articles sont également publiés en version électronique dans leur langue d’origine. Les textes des éditions antérieures sont aussi accessibles en ligne. www.caminando.cdhal.org
La revue est publiée par le Comité pour les droits humains en Amérique latine (CDHAL), une organisation de solidarité qui travaille à la défense et à la promotion des droits humains en réciprocité avec les mouvements sociaux et les communautés d’Amérique latine, dans la lutte en faveur d’une justice sociale, environnementale, économique et culturelle. www.cdhal.org
Prochaine édition de Caminando
Depuis quelques années, la question migratoire est au cœur de l’actualité. À l’automne 2018, les images des « caravanes » de milliers de personnes en provenance d’Amérique centrale ont fait le tour du monde. Cette attention médiatique a sans doute aidé à rendre visible la violence et les risques encourus par les personnes migrantes. Cependant, la plupart des informations qui circulent dans les médias s’attardent peu au contexte dans lequel s’inscrivent ces exodes massifs et à leurs causes profondes. Elles laissent aussi dans l’ombre le vécu et les parcours des personnes, qui sont occultées derrière des chiffres ou réduites à des stéréotypes.
La prochaine édition de Caminando souhaite mettre en lumière les causes structurelles et les déclencheurs des mouvements migratoires actuels en Amérique latine, de même que des récits de la façon dont cela se traduit concrètement pour différentes personnes à travers les Amériques. Nous nous intéressons tout particulièrement à l’influence des politiques étrangères, commerciales et de développement du Canada. Comment et dans quelle mesure ces politiques, de même que l’action des entreprises extractives canadiennes, contribuent-elles aux flux et mouvements migratoires?
Les déplacements de masse des dernières années ont des explications politiques et économiques qui vont bien au-delà du choix individuel de migrer. Les mouvements de population au sein de l’Amérique latine, qu’il s’agisse de déplacements internes ou de migrations internationales, sont fortement liés à l’accroissement des inégalités (aussi bien à l’intérieur des frontières qu’entre les différents pays). Les processus de mondialisation capitaliste (basés sur les principes du néolibéralisme) ont contribué en grande partie à détériorer les conditions socio-économiques déjà difficiles d’une grande partie de la population.
Partout en Amérique latine, des politiques et programmes très agressifs de libéralisation commerciale et de démantèlement des protections sociales ont entraîné une précarisation du travail et des conditions de vie. Certains groupes, dont les paysan-ne-s, les classes populaires et les femmes, ont été particulièrement affectés. De plus, les nouvelles formes particulièrement prédatrices du capitalisme, telle l’offensive extractive, sont liées à la dépossession des terres et à la dégradation de l’environnement et du tissu social des communautés touchées.
Plusieurs régions de l’Amérique latine, notamment les pays du « Triangle du Nord » (Honduras, Salvador, Guatemala) connaissent des niveaux élevés de violence et d’insécurité associés aux conflits entre gangs et organisations criminelles, ainsi que d’autres formes de violence, dont celles visant les femmes et les minorités. Les personnes migrantes et les défenseur-e-s de droits humains sont aussi affecté-e-s par la répression et la criminalisation. Ces phénomènes ne se développent pas en vase clos : ils sont à situer dans un contexte marqué par la corruption, l’affaiblissement des capacités institutionnelles, l’impunité et l’accroissement des inégalités sociales et de droits en Amérique latine.
Le Canada, via ses politiques étrangères et commerciales, a un rôle à jouer dans les situations d’inégalité et de violence derrière les vagues migratoires actuelles. L’ambassade du Canada et l’ancienne Agence canadienne de développement international (ACDI) ont par exemple exercé une influence importante au Honduras quant à l’adoption d’une nouvelle loi minière en 2013. Depuis le coup d’État de 2009, le Honduras est devenu l’un des pays les plus violents au monde, avec des taux élevés d’homicides et d’impunité. Les élections tenues après 2009 ont été approuvées par le Canada, malgré de nombreuses allégations de violence et d’irrégularités, et le Canada a été le premier pays à signer un accord de libre-échange avec le régime post-coup au Honduras. Le gouvernement canadien a ainsi profité de la rupture démocratique et de la détérioration des conditions au Honduras pour faire avancer les intérêts des transnationales extractives canadiennes.
La prochaine édition de Caminando vise à :
- construire une compréhension alternative, critique, inclusive et émancipatoire des causes structurelles des mouvements migratoires, ancrée dans les analyses et expériences issues des mouvements sociaux et des réseaux de solidarité avec personnes migrantes
- mettre en lumière les liens concrets entre les politiques et les investissements canadiens et les mouvements migratoires en Amérique latine
- donner une voix aux personnes migrantes et faire connaître leurs perspectives et expériences
- mettre en valeur des analyses des enjeux liés à la migration s’inscrivant dans une approche décoloniale et tenant compte de l’intersection des oppressions, notamment les dimensions de genre et de racialisation
- contribuer à freiner les différentes formes de discrimination, d’incompréhension et de racisme envers les personnes migrantes.
Cet effort s’inscrit dans un projet d’éducation populaire plus vaste portée par le CDHAL, Solidarité Laurentides Amérique centrale (SLAM) et le Centre des travailleurs et travailleuses immigrant-e-s (CTTI). Ce projet vise à construire, avec des travailleuses et travailleurs provenant d’Amérique centrale et du Mexique, une analyse collective des causes structurelles des migrations. Ce volume de Caminando fait partie des outils d’éducation liés à ce projet.
Thématiques suggérées
Vos contributions pourraient aborder, à titre d’exemple, les thèmes suivants :
- des expériences et parcours de personnes ou de groupes ayant été déplacés par des projets de « développement » ou par les activités d’entreprises extractives, en particulier canadiennes
- des analyses d’accords et d’instruments internationaux signés par le Canada avec des pays d’Amérique latine et la façon dont ils jouent un rôle dans les mouvements migratoires
- des exemples ou récits de dépossession des terres ou d’abandon des activités agricoles ayant entraîné la migration
- les perspectives et paroles de femmes migrantes (pour qui la migration qui s’additionne aux autres formes d’oppression)
- les déplacements liés à la dégradation de l’environnement et aux bouleversements climatiques
- la crise des droits humains et les déplacements liés à la “guerre contre la drogue”
- la violence et les violations des droits humains au cours du parcours migratoire (disparitions forcées, traite de personnes, etc.) et au Canada
- les programmes canadiens de migration temporaire de travailleurs et de travailleuses et l’exploitation d’une force de travail vulnérable dans des conditions proches de l’esclavage ou du travail forcé
Types de textes
Les contributions peuvent prendre différentes formes : articles d’analyse, comptes rendus d’expériences, entretiens, récits, poésie (voir les Directives de publication pour les spécifications relatives au format des textes).
Date de tombée
Si vous souhaitez contribuer à la prochaine édition, veuillez nous faire parvenir d’ici le 1er août 2019 le titre provisoire et un court résumé de votre texte à l’adresse suivante :
Les textes complets devront être reçus au plus tard le 30 août 2019.
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