Lettre ouverte
Montréal, le 9 janvier 2020
Alors qu’on s’apprête à commémorer le séisme qui a coûté la vie à plus de 250 000 Haïtiennes et Haïtiens en 2010, plusieurs médias soulignent avec raison l’échec déplorable de l’intervention humanitaire qui a suivi. En effet, on constate 10 ans plus tard que le grand élan de générosité de milliers de personnes, ainsi que l’engagement de plusieurs États, qui avait permis de recueillir des milliards de dollars n’a pas mené à la reconstruction du pays et au renforcement de ses institutions, comme on pouvait l’espérer à l’époque. Au contraire, le manque de coordination entre les grandes agences humanitaires et leur contournement de l’État haïtien ; les fonds promis, mais jamais déboursés ; la démarche non participative de l’élaboration du plan de reconstruction et le manque d’appropriation de ce plan par la population ; entre autres, ont contribué à fragiliser encore davantage l’État et la population.
Soulignons que d’autres modèles existent, perdurent et contribuent à l’amélioration des conditions de vie de nombreuses communautés à l’intérieur du pays. La coopération et la solidarité internationales québécoises en Haïti se distinguent nettement des interventions que l’on reproche à certaines agences humanitaires internationales. Les organismes de coopération internationale (OCI) du Québec ont développé de véritables relations de partenariats avec les organisations de la société civile haïtienne depuis 30, 40 voire 50 ans dans certains cas.
Pour les OCI du Québec, l’amélioration des conditions de vie des populations passe par la solidarité, c’est-à-dire la création de liens permanents et généralisés entre les peuples, sur la base de l’égalité, du partage, de la réciprocité et du respect mutuel. Cette solidarité exclut toutes les formes d’action qui ont pour effet d’accroître la dépendance des pays du Sud envers les pays du Nord. Le rôle des OCI du Québec en Haïti consiste donc principalement à appuyer des initiatives élaborées par et avec leurs partenaires de la société civile locale. Ces initiatives couvrent plusieurs domaines et poursuivent de multiples objectifs, tels que l’élimination de la pauvreté et la réduction des inégalités, l’agriculture, la sécurité alimentaire, les droits des femmes, la santé, l’éducation ou encore l’adaptation aux changements climatiques.
Haïti est le pays le plus pauvre des Amériques. Plus de six millions de personnes y vivent sous le seuil de la pauvreté et une personne sur trois se trouve en situation d’insécurité alimentaire. C’est évident que l’action des OCI du Québec, malgré son apport positif, ne changera pas à elle seule cette situation.
Les relations de solidarité développées entre les organismes haïtiens et québécois s’inscrivent dans une perspective à long terme et se poursuivront. Le soutien aux initiatives locales et aux revendications du peuple haïtien demeurera au cœur de l’action de la coopération et de la solidarité internationales québécoises en Haïti.
L’Association québécoise des organismes de coopération internationale
Michel Lambert
Coprésident
Frédérique Thomas
Coprésidente
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