Montréal, le 14 décembre 2015 – Les 13 jours de négociations pour le climat ont clôturé le samedi 12 décembre par un appui unanime des 195 pays présents. C’est la première fois que tous les pays s’entendent sur cet enjeu. Malgré le fait qu’il y a eu d’importants progrès sur de nombreux sujets, il n’en demeure pas moins que certains d’une grande importance n’ont pas été réglés.
Pour l’Association québécoise des organismes de coopération internationale (AQOCI) cet accord est assurément un pas dans la bonne direction, cependant il n’est pas à la hauteur des demandes et besoins des populations du Sud. « Sans mention des droits humains, incluant le droit des femmes et les droits des peuples autochtones, ni de sécurité alimentaire dans la partie opérationnelle du texte, il est impossible de parler de justice climatique ce qu’exigent les plus vulnérables » déclare Geneviève Talbot, membre du conseil d’administration de l’AQOCI. C’est un recul pour l’égalité entre les femmes et les hommes. Il est reconnu que les femmes sont affectées de manière disproportionnée par les impacts du changement climatique, tels que les sècheresses, les inondations et les catastrophes naturelles. Les conséquences des changements climatiques sont nombreuses pour les femmes : diminution de la production agricole, augmentation de la charge de travail (corvée de l’eau), violence et harcèlement, etc. Il est étonnant que peu de liens aient été faits entre l’adoption unanime en septembre des objectifs de développement durable (ODD) et l’accord sur le climat. Rappelons qu’un des objectifs vise à réaliser l’égalité des sexes et autonomiser toutes les femmes et les filles.
Il est également déplorable que la référence au « secteur des terres », qui recouvre la forêt et l’agriculture, assortie de garanties pour les populations ait été supprimée. Les terres sont devenues de simples « puits et réservoirs de carbone ». Liée aux mécanismes de marchés, comme les bourses du carbone, cette conception de la terre ouvre grand la voie aux fausses solutions qui définissent celle-ci en premier comme une méthode de séquestration du carbone. « Ceci est de très mauvais augure pour l’agriculture à petite échelle, pourtant c’est elle qui nourrit 70 % de la population mondiale » d’affirmer Madame Talbot.
L’AQOCI est également consternée de constater qu’il n’y ait pas davantage de reconnaissance de la responsabilité historique des pays développés des émissions de gaz à effet de serre et du manque d’ambition des cibles à atteindre. Il aurait dû y avoir une différenciation marquée entre les pays riches et les pays pauvres.
Pendant qu’au Bourget les gouvernements négociaient pour le climat, les citoyennes et les citoyens étaient prêts à proposer des alternatives et continuer à résister. Ainsi, lors des deux semaines de la COP 21, une COP citoyenne a vu le jour, avec des mouvements sociaux mobilisés plus que jamais pour s’unir et construire un mouvement global. L’enjeu du climat permet de lier toutes les luttes, comme celles des mouvements de femmes, des autochtones, des paysan-ne-s, des syndicats, des écologistes et de la solidarité internationale. Aussi, l’Association espère ardemment que le gouvernement canadien adoptera un plan national fort et qu’il tiendra compte des revendications de la société civile.
En août prochain se tiendra à Montréal le Forum social mondial qui réunira des milliers de personnes issues d’organisations de la société civile. Ce lieu d’échanges permettra de poursuivre la convergence des réseaux afin de créer ce mouvement citoyen mondial, un mouvement qui serait suffisamment large et crédible pour demander à nos gouvernements d’agir pour le climat. Nous aurons la force du nombre.
Pour information :
Hélène Gobeil
Chargée des communications
Association québécoise des organismes
de coopération internationale (AQOCI)
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