Photo : Source Benoit Aquin
Selon les résultats d’une vaste étude présentée mardi lors d’une conférence de l’ONU à Bonn, certaines régions du globe souffrent particulièrement de ce phénomène, qui tend à prendre de l’ampleur. Ainsi, en Afrique, de 4 à 12 % de la valeur de la production agricole est perdue chaque année. Au Guatemala, ce chiffre atteint les 24 %. En Ouzbékistan, les rendements ont décliné de 20-30 %, et en Afrique de l’Est, près de 3,7 millions de personnes ont besoin d’aide alimentaire en raison de la sécheresse de 2011.
Globalement, près de 870 millions de personnes souffrent de la famine, indique ce rapport. Cette étude est la plus détaillée à ce jour sur le coût économique de la désertification depuis 1992, date de la Convention de l’ONU sur la lutte contre la désertification. À l’époque, le coût direct était estimé à 42 milliards de dollars par an. Aujourd’hui, on parle d’un chiffre dix fois plus important.
«Actuellement, les estimations portent sur 450 milliards par an», a indiqué à l’AFP Walter Ammann, président du groupe de réflexion Global Risk Forum Davos. «Le Bangladesh perd 2 % de ses terres fertiles par an, a-t-il expliqué dans un entretien téléphonique. Sur cette base, dans 50 ans, le Bangladesh n’aura plus de terres fertiles.»
Le Canada a abandonné la lutte
Le gouvernement Harper a décidé à la fin mars de se retirer de Convention des Nations unies chargées de trouver des solutions pour lutter contre ce phénomène. Le cabinet conservateur a ordonné ce retrait non annoncé sur la recommandation du ministre des Affaires étrangères, John Baird. Le décret ministériel « autorise le ministre des Affaires étrangères à poser les gestes nécessaires pour se retirer, au nom du Canada, de la Convention des Nations unies pour lutter contre la désertification, dans les pays subissant de sévères sécheresses ou une désertification, particulièrement en Afrique ».
La décision était à ce point abrupte qu’elle a pris de court le secrétariat onusien qui gère la convention. Celui-ci a été informé par un appel téléphonique effectué par un journaliste de La Presse canadienne. Cette initiative du gouvernement Harper est d’autant plus surprenante qu’Ottawa a été parmi les premiers États à signer la Convention en 1994, avant de la ratifier en 1995. De toute l’histoire du Canada, il s’agit seulement du second cas de retrait d’un traité. Le premier avait été le Protocole de Kyoto.
Le premier ministre Stephen Harper a défendu la décision de son gouvernement aux Communes, en affirmant que si le Canada se retirait de la convention, c’était plutôt parce que le programme est embourbé dans la bureaucratie. Il a également soutenu que moins du cinquième des 350 000 $ versés par le Canada au fonds de cette convention servait à l’élaboration du programme.
La Convention des Nations unies sur la lutte contre la désertification a pour mission de trouver des moyens de combattre ce phénomène en pleine expansion, notamment en Afrique et en Chine, mais aussi dans l’Ouest canadien. Les projets développés par cet organe onusien ont pour but de s’attaquer aux causes sous-jacentes de la désertification et de la sécheresse, notamment en protégeant certains écosystèmes ou en tentant d’en régénérer d’autres.
Avec l’Agence France-Presse
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