Les signataires de cette lettre, qui représentent plusieurs grands réseaux québécois, sollicitent une rencontre avec vous afin de partager l’appel de la société civile haïtienne avec laquelle nous avons établi de nombreux partenariats.
Le 3 août 2021
À l’attention du très honorable Justin Trudeau, C.P., député Premier Ministre du Canada
Objet : Demande d’une rencontre urgente
Monsieur le Premier Ministre,
Les signataires de cette lettre, qui représentent plusieurs grands réseaux québécois, sollicitent une rencontre avec vous afin de partager l’appel de la société civile haïtienne avec laquelle nous avons établi de nombreux partenariats.
Nous désirons faire écho à la Commission pour la recherche d’une solution haïtienne à la crise qui s’active à l’élaboration d’un accord devant faciliter l’avènement d’une gouvernance provisoire réussie, un tournant dans la reconquête de la souveraineté nationale. Elle vise la recherche d’une solution à la crise en facilitant l’implication d’un maximum d’acteurs de la société civile haïtienne. La crise sociopolitique haïtienne profonde conjuguée à l’assassinat du président Jovenel Moise offre l’opportunité aux Haïtiennes et aux Haïtiens de refonder l’avenir de leur pays par le consensus et l’entente, jugent des membres influents de l’ensemble de la société civile participant à cette commission qui appelle à l’engagement commun pour éviter que ce soient des acteurs internationaux, notamment le Core Group, qui imposent leur agenda.
Il est important de souligner aussi que depuis deux ans de nombreux groupes ont créé des espaces de discussion, de concertation pour élaborer des propositions, réfléchir aux grands défis et identifier les ruptures nécessaires pour une refondation nationale. Ce travail, élaboré dans le cadre de plateformes inclusives composées de tendances politiques très différentes, a permis d’identifier une série de propositions consensuelles :
1. Un premier consensus qui se dégage de ces discussions est qu’une période de transition politique est essentielle afin de rétablir la légalité constitutionnelle. Notamment, une refonte du système électoral est urgente ; actuellement ce système est colonial sur le plan technologique, est contrôlé par des pouvoirs oligarchiques et des gangs armés violents antisociaux et n’ont aucune légitimité. Le conseil électoral établi par Jovenel Moïse ne pourrait qu’organiser des élections illégitimes, en faveur du PHTK. Il faut créer un système électoral adapté, géré par des acteurs haïtiens et qui ne soit pas contrôlé par les forces liées au trafic de la drogue.
2. Un deuxième consensus est qu’il faut satisfaire les revendications de justice portées par la population haïtienne. Notamment, dans des dossiers comme Petrocaribe ou celui des fonds destinés à la COVID-19 et dont personne ne connaît l’usage. Il faut identifier les responsables, mettre en place des mécanismes adéquats de gestion des finances publiques, rendre également justice pour les massacres qui ont été commis dans les quartiers populaires.
3. Un troisième consensus est la nécessité d’organiser une conférence nationale, un espace qui devrait permettre de définir un projet à long terme pour la nation et aussi de sortir du néolibéralisme et du dogmatisme économique en place depuis 1983. Les politiques néolibérales ont affaibli l’État, transféré ses compétences au secteur privé et réduit les capacités du pays en matière agricole en attaquant l’économie paysanne. Il faut une conférence pour redéfinir le projet de nation dans le cadre d’une concertation très large.
Nous vous enjoignons, Monsieur le Premier Ministre, de porter une grande attention à l’appel lancé par cette large coalition qui a convoqué une conférence inter-haïtienne en vue de définir cette transition et de faire valoir le droit, pour le peuple haïtien, à une période de transition qui ne pourra pas être brève et qui devra être liée à un cycle de refondation. Dans le contexte actuel de violence généralisée et de vide constitutionnel, une élection hâtive n’aurait aucun ancrage populaire et ne pourrait que servir une
démocratie de façade au service des pouvoirs en place, bien loin de la transformation sociale de rupture souhaitée par une grande part de la population.
Nous sollicitons donc une rencontre de manière urgente pour échanger avec vous sur le rôle que devrait jouer le Canada. Quelques représentantes et représentants de la société civile haïtienne pourraient participer cette rencontre.
Nous vous remercions vivement pour l’attention portée à notre demande et vous prions d’agréer, Monsieur le Premier Ministre, l’expression de notre haute considération.
c. c. L’honorable Marc Garneau, C.P., député, ministre des Affaires étrangères
Monsieur Emmanuel Dubourg, député
Signataires de la lettre
Aide internationale à l’enfance (L’AMIE), André Jalbert, Président directeur-général
Alternatives, Safa Chebbi et Anne Latendresse, Co-Présidentes
Association québécoise des organismes de coopération internationale (AQOCI), Michèle Asselin, Directrice générale
Carrefour de solidarité internationale de Sherbrooke, Étienne Doyon, Directeur général
Coalition haïtienne au Canada contre la dictature en Haïti (CHCDH), Alain Saint-Victor et Célia Romulus, Porte-paroles
Centrale des syndicats du Québec (CSQ) , Éric Gingras, Président
Centre International de Documentation et d’Information Haïtienne, Caribéenne et Afro-Canadienne (CIDIHCA), Frantz Voltaire, Président
Centre internationale de solidarité ouvrière (CISO), Amélie Nguyen, Coordonnatrice
Concertation pour Haïti, Jean-Claude Icart, Membre du comité de coordination
Confédération des syndicats nationaux (CSN), Caroline Senneville, Présidente
Comité de solidarité/Trois-Rivières, Valérie Delage, Directrice générale
Clowns Sans Frontières, Katel Le Fustec, Directrice artistique et générale
Conseil central du Montréal métropolitain-CSN, Dominique Daigneault, Présidente
Conseil régional FTQ Montréal métropolitain, Marc-Édouard Joubert, Président
Développement et Paix – Caritas Canada, Serge Langlois, directeur général
Développement international Desjardins (DID), Gerardo Almaguer, Président-directeur général
Fédération des travailleurs et travailleuses du Québec (FTQ), Daniel Boyer, Président
Groupe d’économie solidaire du Québec, René Lachapelle, Président
Ligue des droits et libertés, Alexandra Pierre, Présidente
La Maison d’Haïti, Marjorie Villefranche, Directrice générale
Mission inclusion, Richard Veenstra, Directeur général
Partenariat pour le développement des communautés (PARDEC), Baudouin Kutuka Makasi, Directeur général
SUCO, Jean-Alexandre Fortin, Directeur général par intérim
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