Montréal, le 29 septembre 2015 – L’Association québécoise des organismes de coopération internationale (AQOCI) salue l’initiative de l’Institut Munk pour l’organisation d’un débat consacré exclusivement à la politique étrangère du Canada, sujet trop souvent laissé-pour-compte dans les campagnes électorales. Toutefois l’Association est préoccupée par le fait que ce débat a occulté plusieurs enjeux majeurs qui affectent les populations les plus démunies de la planète. Lors du débat on a abondamment fait référence aux valeurs canadiennes, mais aucun chef n’a mentionné la solidarité comme valeur universelle.
Aucune référence à la Loi sur la responsabilité en matière d’aide au développement officielle qui définit pourtant le mandat et le but de l’aide publique au développement canadienne avec trois grands principes de base : la réduction de la pauvreté, le respect des droits de la personne et la prise en compte du point de vue des populations du Sud. « Cette loi doit guider et encadrer tout effort canadien envers le développement international et l’aide humanitaire », affirme Marie-Pierre Nogarède, présidente de l’AQOCI.
Lors du débat, Messieurs Mulcair et Trudeau ont noté la détérioration de l’image du Canada sur la scène internationale en raison notamment de son retrait du Protocole de Kyoto ainsi que de son refus d’adhérer au Traité international sur le commerce des armes. Toutefois aucun des chefs n’a mentionné les Objectifs de développement durable, un cadre de développement international, adoptés le 25 septembre par les 193 États membres des Nations Unies et dont le Canada est partie prenante. Ces objectifs devront guider les efforts du Canada et de toute la communauté internationale en matière de développement jusqu’en 2030. Mentionnons qu’un de ceux-ci est exclusivement consacré à l’égalité entre les sexes et à l’autonomisation des femmes et des filles. Tout en saluant l’initiative pour la santé des mères, des nouveau-nés et des enfants, Michèle Asselin, directrice générale, affirme : « Il est primordial pour les femmes d’avoir accès à des soins de santé sexuelle et de s’assurer que chaque femme puisse exercer ses droits en matière de santé reproductive, y compris l’accès à l’avortement dans des conditions sécuritaires. »
Un autre engagement international qui a été peu discuté hier soir est celui pour les pays dits développés de consacrer 0,7% du Revenu national brut (RNB) à l’aide publique au développement. Le Canada est très loin de cette cible; depuis 2012 sa contribution ne fait que diminuer. Nous sommes actuellement à 0,24% de notre RNB, ce qui nous classe au 16e rang parmi les 28 pays donateurs membres de l’OCDE.
Nous aimerions également souligner que les organisations de la société civile (OSC) sont des actrices à part entière du développement et qu’elles jouent un rôle essentiel dans la promotion des droits humains et la réalisation des objectifs de développement à travers le monde. Mais pour ce faire, elles doivent évoluer dans un environnement propice caractérisé notamment par la possibilité de nouer un dialogue ouvert et constructif avec le gouvernement sur les politiques publiques, et par un financement adéquat des activités des OSC.
L’AQOCI a acheminé aux chefs de partis suivants : Bloc québécois, Conservateur, Libéral, Néo-démocrate et Vert une lettre afin de connaître les politiques et les mesures qu’ils proposent sur sept enjeux majeurs pour l’aide publique au développement; jusqu’à présent elle n’a reçu aucune réponse.
Pour information :
Hélène Gobeil
Chargée des communications
Association québécoise des organismes
de coopération internationale (AQOCI)
[email protected]
514 871-1086, poste 205
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