Le Réseau francophone pour l’Égalité femme-homme (RF-EFH) salue l’annonce faite par le gouvernement du Canada au Forum Génération Égalité à Paris, le 30 juin, d’investir 100 millions de dollars en nouveaux fonds, pour les pays à faible et moyen revenu, afin de redresser les inégalités qui existent à l’international dans le travail rémunéré et non rémunéré lié aux soins et de façon à faciliter la participation des femmes à l’économie, à l’éducation et à la vie publique.
Réseau francophone Égalité femme-homme (RF-EFH)
COMMUNIQUÉ DE PRESSE
5 juillet 2021
Cette décision canadienne s’inscrit dans l’esprit des analyses et recommandations des Nations-Unies, dont le secrétaire général, M. Antonio Guterres a caractérisé la COVID-19 de « crise avec un visage de femme », étant donné que sous cette crise pandémique mondiale, les inégalités entre les femmes et les hommes ne cessent de se creuser davantage, et ce dans tous les domaines. ONU-Femmes constate notamment que les violences conjugales et intrafamiliales se sont accentuées, sous le confinement et les incidences sociales et économiques de cette crise. Du fait de l’isolement social et des restrictions au niveau des déplacements et du non-accès aux services, le domicile s’est refermé comme un piège sur de nombreuses femmes. La directrice exécutive d’ONU-Femmes, Mme Phumzile Mlambo-Ngcuka, a constaté que du fait de la fermeture d’écoles, deux tiers des emplois perdus étaient tenus par des femmes et 59% des femmes déclarent devoir consacrer encore plus de temps au travail domestique non rémunéré, et cette année, 47 millions de femmes de plus seront contraintes de vivre avec moins de 1,90 dollar par jour. En se basant sur ces constats, l’ONU a placé les femmes au centre de son action de lutte contre la COVID-19. Elle a demandé que des mesures de relance soient prises pour appuyer l’économie informelle, investir dans l’économie des soins et cibler les entrepreneuses.
Sous ce bilan caractérisé par la recrudescence des violences envers les femmes, l’accentuation de la féminisation de la pauvreté, l’accès limité des femmes au financement et une plus grande part des tâches de soins, le RF-EFH appuie l’initiative canadienne d’augmenter les fonds alloués aux programmes autonomes de soins non rémunérés et rémunérés pour les femmes dans les pays du Sud ainsi que la recommandation des Nations Unies, selon laquelle les orientations mondiales de la relance doivent mettre le secteur des soins au centre des préoccupations; mais également : la lutte contre les violences, la promotion des droits reproductifs et sexuels et la promotion de l’accès des femmes aux sphères de décision.
Au RF-EFH nous tenons à rappeler la gravité de la situation des femmes dont le travail en soins non rémunérés est estimé à 12,5 milliards d’heures, ce qui correspond à 1,5 milliard de personnes travaillant huit heures par jour sans rémunération. Ce sont les femmes des pays du Sud qui souffrent le plus de cette situation dans leurs propres pays, mais aussi quand elles immigrent dans les pays du Nord et y constituent l’essentiel de la main d’oeuvre comme travailleuses domestiques et aides familiales. Le gouvernement du Canada et les Nations-Unies, en mettant l’accent sur l’aide aux femmes dans le secteur des soins donnent raison aux féministes du Sud qui dénoncent la division internationale genrée du travail, génératrice de l’internationalisation du travail ménager et reproductif, mettant des femmes du Sud au service des femmes et hommes dans les pays du Nord, en plus des discriminations qu’elles subissent dans leurs propres pays.
Pr Ndioro NDIAYE
Coordonnatrice RF-EFH
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