Alors que les jeunes générations et celles qui sont à naître se trouvent à être les héritières de la planète, les changements climatiques induisent une injustice du fait que leurs causes et leurs conséquences se distribuent inégalement dans le temps. Ainsi, ayant relativement peu contribué aux changements climatiques, ce sont pourtant les jeunes et les futures générations qui devront subir la majeure partie de leurs conséquences. Alors que les changements climatiques soulèvent un important enjeu intergénérationnel, les jeunes se mobilisent. Ils réclament une volonté politique ferme et la mise en place, au nom de la justice climatique, de mesures urgentes, ambitieuses et justes afin de protéger le climat et leur avenir incertain.
(Extrait de la fiche La justice climatique : Protéger l’avenir des jeunes et des générations à venir produite en 2019 par l’AQOCI)
Les jeunes à la COP25
Depuis 15 ans, des jeunes des quatre coins du monde participent à la Conférence des jeunes (Conference of Youth, ou COY, en anglais) qui se déroule quelques jours avant la Conférence des parties de la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques (mieux connue sous son acronyme en anglais : COP). La COY est donc un lieu de rencontre annuel qui permet aux jeunes d’échanger, de réseauter, de renforcer leurs capacités et d’identifier des priorités pour le plaidoyer qu’ils souhaitent mener collectivement pendant la COP.
Cette année, la COY s’est tenue du 29 novembre au 1er décembre et elle a permis de réunir plus de 400 jeunes de 85 pays. Suite à trois jours de discussions, ceux-ci ont identifié un certain nombre de recommandations qu’ils ont présentées à la COP25 aujourd’hui (le 5 décembre 2019), dans le cadre d’un événement intitulé « Rehausser l’ambition et renforcer le pouvoir des jeunes pour mettre en œuvre l’Accord de Paris ». La présidente de la COP25 et ministre chilienne de l’Environnement, Carolina Schmidt, participait notamment à l’événement.
Photo prise dans le cadre de l’événement « Rehausser l’ambition et renforcer
le pouvoir des jeunes pour mettre en œuvre l’Accord de Paris » (5 décembre 2019)
Les priorités des jeunes pour la COP25 s’articulent autour de thématiques telles que l’action pour l’autonomisation climatique (AAC), l’adaptation, l’agriculture, la préservation des écosystèmes, le financement et les marchés, l’atténuation et les océans. Voici d’ailleurs une liste non exhaustive de leurs recommandations :
• Mettre à jour ou réviser les contributions déterminées au niveau national (CDN) en 2020 sur la base des meilleures données scientifiques disponibles, de manière à rehausser le niveau d’ambition;
Action pour l’autonomisation climatique (AAC)
• Mettre à jour les programmes éducatifs formels pour inclure l’éducation relative au climat et pour développer la pensée critique chez les jeunes;
• Appuyer l’éducation non formelle sur les enjeux liés au climat et y consacrer plus de financement;
Adaptation
• Assurer que les communautés locales reçoivent les outils et le financement nécessaires pour s’adapter aux impacts des changements climatiques en utilisant des méthodes participatives, du bas vers le haut et en accordant la priorité aux populations les plus affectées (femmes, enfants, minorités, Autochtones, etc.);
• Les mécanismes de financement, comme le Fonds pour l’adaptation, devraient dédiés plus de fonds aux initiatives menées par les jeunes;
Agriculture
• Tous les pays devraient aligner leurs politiques agricoles autour des principes de l’agroécologie;
Protection des écosystèmes
• Accroître les investissements et la mise en œuvre de solutions fondées sur la nature et s’assurer qu’elles sont basées sur la science de l’environnement et les savoirs traditionnels des Autochtones;
• Promouvoir les savoirs et la participation des communautés locales et autochtones dans les efforts de conservation;
Océans
• S’assurer de prioriser les activités liées aux océans dans le cadre du financement climatique accordé par le Fonds vert pour le climat (FVC) et le Fonds pour l’environnement mondial (FEM).
Il faudra attendre à la fin de la COP, le 13 décembre, pour voir si les jeunes auront été entendus sur ces sujets.
Au-delà de la COP
Au-delà des négociations cependant, beaucoup de jeunes présents à la COP25 font le constat que c’est le système capitaliste lui-même (avec sa poursuite de la croissance économique infinie, l’extraction abusive des ressources et la priorité accordée aux profits plutôt qu’aux populations et à la planète) qui est la cause principale de la crise climatique. Et pour changer le système, ils se mobilisent.
Au cours de la dernière année, nous avons été témoins de l’émergence et de l’amplification d’un mouvement mondial de grève étudiante pour le climat. Dans plusieurs régions du monde, des jeunes ont pris la rue plutôt que leur sac d’école tous les vendredis pour attirer l’attention des élites politiques et leur demander de prendre les mesures ambitieuses et urgentes qui s’imposent pour faire face à la crise climatique. S’il est impossible qu’ils ne les aient pas entendus tant la mobilisation a été forte (rappelons-nous seulement des millions de personnes qui ont manifesté le 27 septembre dernier), ils ne les ont certainement pas encore écoutés. En effet, les États font la sourde oreille. Pendant qu’ils continuent de subventionner la riche industrie pétrolière et gazière à coups de milliers de milliards de dollars (des subventions qui s’élevaient, pour être exact, à 5200 milliards dollars pour l’année 2017 seulement selon le FMI), ils sont incapables de trouver 100 milliards (52 fois moins) pour faire leur juste part en matière de financement climatique. Et ils tardent également à signaler clairement leur intention de réduire leurs émissions de gaz à effet de serre au niveau nécessaire pour éviter les pires conséquences des changements climatiques. Nous avons clairement un problème de volonté politique.
Photo prise dans le cadre de la conférence de presse de
Fridays for Future à la COP25 (4 décembre 2019)
Hier, des jeunes représentantes et représentants du mouvement #fridaysforfuture issus de cinq continents se sont donc rassemblés à la COP25 pour appeler à un changement de système et à la mobilisation dans le cadre d’une conférence de presse. Et nous serons nombreux à marcher avec eux dans les rues de Madrid demain, le 6 décembre, pour demander à nos dirigeant-e-s de les écouter.
Changeons le système, pas le climat !
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