On papillonne pour sauver les papillons
Alors que les serpents eux s’en sortiront toujours
Ils en ont les moyens
De survivre aux bombes
De se préparer à la famine
De s’étendre sur les plages chaudes lorsque la lumière nous manque
De guérir les virus
De regarder leurs enfants dans les yeux
D’y croire quand ils disent que « ça va bien aller »
Ils en ont les moyens
Ils en ont le temps
Ils changent de peau toutes les saisons
Une surface sur laquelle il n’y a aucune texture d’humanité
Ils savent flotter sur la boue dans laquelle ils nous enlisent
Ils sèment leur venin dans nos rivières
Ils croquent les fruits murs à pleine dent
En extractent tous les minéraux, les saveurs, la valeur
Nous offrent les restants avec un sourire généreux
Une peau blanche qu’on érige comme un sauveur
Un fruit sec
Prêt à prendre feu à tout instant
On papillonne pour sauver les papillons
Parce qu’on veut retrouver nos ailes
On veut pouvoir rêver la nuit
Au lieu de se battre le jour
Se battre pour nos corps
Se battre pour nos femmes
Se battre pour nos terres
Se battre pour la paix
Oxymore
On s’oxyde dans l’éternel combat qui nous tue
On s’épuise
Alors on se puise les uns les autres
On prend soin de nos corps
De nos femmes
De nos terres
De nos paix
On fait pousser des fleurs dans nos cicatrices
On s’allie les uns aux autres
On se lit les histoires qui nous lient
On se livre à l’histoire
Nous sommes offrandes
On aspire à entendre le silence
Celui des forêts où les drones ne volent pas
On veut habiter un territoire
S’y enraciner au lieu de le forer
On veut pouvoir le marcher nu-pieds
Sans devoir éviter les épines
On papillonne pour sauver les papillons
Pour apporter de la légèreté à ce monde si lourd
Sandrine Hélie
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