Montréal, le 11 février 2015 – L’Association québécoise des organismes de coopération internationale (AQOCI) a reçu avec satisfaction la nouvelle Politique de partenariat avec la société civile pour le développement international et l’aide humanitaire rendue publique la semaine dernière par l’honorable Christian Paradis, ministre du Développement international et de la Francophonie. Toutefois l’AQOCI émet certaines préoccupations quant à quelques éléments de la politique.
L’AQOCI est heureuse de constater que le gouvernement canadien reconnaît l’importance de soutenir les organisations de la société civile (OSC), peu importe leur taille, leur envergure, leur secteur et leur région. Il serait cependant urgent que ces organismes reçoivent du financement, car ils n’ont rien reçu depuis 2011 qui fut le dernier appel de propositions pour les projets de moins de 2 millions$.
Un des éléments positif de cette politique est que le gouvernement s’engage à adopter des mécanismes de financement prévisibles, équitables, souples et transparents tout comme la reconnaissance que les propositions non sollicitées peuvent également donner l’impulsion nécessaire à des approches novatrices et que les OSC ont besoin de temps pour planifier leurs programmes. Il faudra toutefois s’assurer que ces propositions non sollicitées ne soient pas réservées en exclusivité aux grandes organisations. Il est important que toutes les organisations aient accès à ce type de financement qui leur permet de bâtir des projets de développement durable avec leurs partenaires du Sud.
«Nous constatons avec soulagement que la politique semble intégrée quelques dimensions de l’engagement du public car pour l’AQOCI et ses membres la contribution spécifique des organismes de coopération internationale à un développement solidaire passe par l’engagement du public et par la coopération outre-mer. Ces deux activités sont complémentaires et doivent être considérées comme indissociables» a souligné Gervais L’Heureux, directeur général de l’AQOCI.
Il nous semble préoccupant qu’il y ait peu de reconnaissance de la mission de plaidoyer. L’affirmation que le MAECD considère les OSC comme des acteurs du développement indépendants tant au niveau politique qu’au niveau financier demande à être clarifiée. L’AQOCI considère que les OSC sont plus efficaces lorsqu’elles sont indépendantes au niveau politique du gouvernement, ce qui signifie qu’elles peuvent aussi critiquer ses politiques.
Nous sommes également heureux de constater que le gouvernement remettra en place des mécanismes de consultation avec les OSC. Le fait qu’on propose une rencontre annuelle pour discuter de la mise en œuvre de la politique est pour l’AQOCI un pas vers l’avant. Un dialogue constructif et ouvert entre le Ministère et les OSC est primordial afin de bien orienter les politiques de l’aide publique au développement. Le gouvernement doit s’appuyer sur l’expertise et les partenariats développés par les OSC pour développer ses programmes. Il devrait mettre l’accent sur l’appui à la société civile, actrice incontournable du développement.>P>
En ce qui a trait au secteur privé, l’AQOCI reconnaît que ce dernier peut être un acteur de développement, mais il nous semble que le gouvernement devrait cibler en premier lieu les petites et moyennes entreprises des pays du Sud dans sa volonté de créer des partenariats entre acteurs du développement. Nous croyons également qu’il n’est pas du ressort des OSC d’agir comme intermédiaire impartial dans les situations de conflit entre les gouvernements, le secteur privé et les communautés dans les pays du Sud. Ce rôle revient davantage à un organe juridique indépendant, tel que la création d’un poste d’ombudsman, qui pourrait imposer des sanctions et demander compensation pour les dommages encourus dans les communautés.
Dans son ensemble l’AQOCI apprécie le dépôt de cette politique qui permet une reprise du dialogue entre les OSC et le Ministère. Nous suivrons de près sa mise en œuvre et serons heureux de collaborer à l’évaluation de cette dernière avec d’autres organisations de la société civile et les instances gouvernementales concernées.
Pour information :
Hélène Gobeil
Chargée des communications
Association québécoise des organismes
de coopération internationale (AQOCI)
[email protected]
514 871-1086, poste 205
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