Par Simon Beaudoin et Denis Côté
La 25e Conférence des Parties (COP) à la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques (CCNUCC) avait pour slogan « il est temps d’agir ». Malheureusement, plusieurs pays ont négligé l’importance des changements climatiques et ont maintenu un niveau d’ambition insuffisant. La COP 25 fût donc davantage synonyme d’inaction collective, particulièrement de la part des pays du Nord qui refusent toujours d’assumer leur juste part du financement climatique et dont les émissions de gaz à effet de serre (GES) continuent à augmenter.
Les données scientifiques appellent à des actions collectives et nécessaires de la part des États pour faire face aux défis relatifs aux changements climatiques. Néanmoins, plusieurs États restent davantage intéressés par la protection de leurs intérêts nationaux et ceux de l’industrie des énergies fossiles au détriment des droits humains, des peuples autochtones et des générations futures. La 25e COP offrait une occasion aux pays d’unir les efforts pour l’atteinte d’objectifs globaux, et cette occasion a été largement manquée.
La COP 25 n’aura donc pas permis de faire avancer la justice climatique.
Pour faire avancer la justice climatique, les États les plus responsables de la crise actuelle (les pays du G20, par exemple) aurait dû annoncer sans ambiguïté leur intention de proposer d’ici un an des cibles de réduction des GES plus ambitieuses et cohérentes avec la science du climat, visant une réduction d’au moins 45 % d’ici 2030 (par rapport à 2010). Ils auraient pu le faire en s’engageant notamment à renoncer au développement des énergies fossiles. Au lieu de cela, non seulement les États du G20 n’ont pas pris de nouveaux engagements ambitieux, mais un rapport publié pendant la COP 25 et intitulé « Oil, Gas and the Climate », nous a appris que les compagnies pétrolières prévoient investir 1,4 billion de dollars US dans de nouveaux projets d’extraction de pétrole et de gaz entre 2020 et 2024 – soit l’équivalent en termes d’émissions de GES de 1200 centrales au charbon. Et 85 % de ces projets seront réalisés aux États-Unis… et au Canada.
Pour faire avancer la justice climatique, les États les plus responsables de la crise climatique aurait dû annoncer une augmentation du financement climatique destiné aux pays du Sud, où vivent les populations les plus touchées et les plus faibles émettrices de GES. Ils ont plutôt refusé d’envisager la création d’un nouveau mécanisme permettant d’appuyer financièrement les pays vulnérables qui subissent des pertes et préjudices.
Pour faire avancer la justice climatique, les États auraient dû renforcer la protection des droits humains et des droits des peuples autochtones, notamment leur droit au consentement libre, préalable et éclairé sur l’exploitation des ressources situées sur leurs terres ou leurs territoires. On a plutôt assisté à un effort soutenu de plusieurs pays pour faire évacuer les termes « droits humains » et « droits des peuples autochtones » de l’article 6 sur les systèmes d’échange de crédits carbone.
Bref, le niveau d’ambition des États est bien loin d’être à la hauteur du défi climatique et des revendications de la société civile mondiale. En passant à côté de l’opportunité de coopérer pour adresser des problèmes mondiaux, les États sont aussi en voie de délégitimer leur capacité à répondre aux enjeux vécus au quotidien par la population mondiale. Par leur inaction, ils contribuent à justifier les soulèvements mondiaux appelant à une remise en question du système actuel et de la gouvernance mondiale.
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L’AQOCI vous invite à signer sa pétition en ligne dirigée au gouvernement canadien pour qu’il fasse sa juste part pour la justice climatique :
https://www.jqsi.qc.ca/?-je-signe-la-petition-
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