Selon le Haut-Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR), le nombre de personnes forcées de quitter leur foyer a augmenté de près de 50 % au cours des 10 dernières années : en 2019, on compte 79,5 millions de personnes déracinées à travers le monde. Ce chiffre représente 1 % de la population mondiale. Parmi elles :
- 26 millions sont des personnes réfugiées (qui ont franchi une frontière internationale)
- 45,7 millions sont des personnes déplacées à l’intérieur de leurs pays
- 40% sont des enfants
Les raisons sont nombreuses et complexes. Les violences et les conflits armés demeurent la principale cause de crises humanitaires et de migrations forcées dans le monde. La majorité des États investissent bien davantage dans leurs industries et budgets militaires plutôt qu’en soutien aux initiatives de développement et de construction de la paix des communautés du Sud. Et à cela viennent maintenant s’ajouter les conséquences de la crise climatique, attribuable à nos émissions élevées de gaz à effet de serre.
Peu de solutions à long terme s’offrent aux personnes réfugiées ou déplacées : obtenir un statut de réfugié (ce qu’on appelle la réinstallation) ou retourner chez soi (le retour volontaire). Cela demeure accessible qu’à une faible proportion des personnes concernées : en 2019, sur 2 millions de demandes d’asile déposées dans le monde, 107 800 personnes ont été acceptées comme réfugiées dans 26 pays (dont un tiers au Canada); et 5,6 millions de personnes ont pu retourner dans leur pays.
La vaste majorité est donc prise en charge par les pays du Sud, avec l’aide du HCR et des organismes humanitaires : 85% des 79,5 millions de personnes sont accueillies et soutenues par des pays du Sud.
Et pendant ce temps, les pays occidentaux (dont le Québec et le Canada) adoptent certaines mesures et des politiques migratoires qui sont restrictives, injustes, inefficaces et même dangereuses pour la sécurité et la vie des personnes forcées de migrer. Au niveau des discours, les migrations ne cessent d’être présentées comme « une crise » contre les sociétés occidentales, alors que les faits et les chiffres démontrent tout le contraire : s’il y a crise, c’est bel et bien pour les personnes forcées de migrer, ainsi que pour les pays du Sud qui écopent des conséquences de notre système géopolitique et économique mondial.
Enfin, les États s’appuient de plus en plus sur la migration temporaire du travail : durant les vingt dernières années, le nombre de travailleuses et travailleurs migrant-e-s temporaires au Canada a été multiplié par 6, passant de 52 000 en 1996 à 310 000 en 2015. En 2018, 164 millions de personnes étaient travailleuses et travailleurs migrant-e-s dans le monde. La majorité se trouve dans trois régions du monde : en Amérique du Nord (23%), en Europe (29%) et dans les pays arabes (14%), à l’exception des pays d’Afrique du Nord.
La réalité est qu’il s’agit d’emplois peu rémunérés et très peu valorisés, avec de piètres conditions de travail, et souvent une grande précarité : l’agro-industrie, le travail domestique, la construction, et l’hôtellerie/restauration, notamment. De plus, en raison du caractère temporaire de leur statut et du lien de dépendance envers leur employeur, ces personnes sont beaucoup plus vulnérables aux abus et à l’exploitation. La liste des cas et des exemples, trop nombreux pour n’être que des exceptions, est malheureusement fort longue.
LES MIGRATIONS ET LES OBJECTIFS DE DÉVELOPPEMENT DURABLE (ODD)
Le Programme de développement durable reconnaît pour la première fois les liens entre le développement durable et les migrations, comme un aspect transversal et pertinent pour tous les objectifs de développement durable (ODD). La principale référence à la migration dans les ODD est faite à la cible 10.7 : « Faciliter la migration et la mobilité de façon ordonnée, sans danger, régulière et responsable, notamment par la mise en œuvre de politiques de migration planifiées et bien gérées », qui figure dans l’objectif 10, « Réduire les inégalités dans les pays et d’un pays à l’autre ».
Pourquoi parler de justice migratoire?
La justice migratoire se veut une alternative :
- aux injustices entre pays du Sud et du Nord et entre personnes issues de ces pays;
- aux politiques restrictives et répressives actuelles;
- aux mythes et aux préjugés;
- et aux discours déshumanisants.
Pour agir:
- Signez la lettre collective au Premier ministre du Canada, pour plus de protection et de respect des droits des personnes réfugiées.
Pour en savoir plus
- Participez aux activités de la SDI sur les migrations du 7 au 13 février 2021
- Les migrations… Des histoires humaines! Pour une vraie justice migratoire (AQOCI, 2020).
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