Par Kim Morency, participante de Développement et Paix, projet Stage QSF au Cambodge : Des légumes pour la vie : développement de la coopérative Por Samrong
Lors de notre arrivée vendredi soir sur le Campus du CNDF, nous étions une vingtaine de participant-e-s de l’organisme Développement et Paix à débuter la fin de semaine avec une activité portant le nom de « L’Exercice des couvertures ». Brian McDonough, directeur de l’Office de la pastorale sociale à l’Archevêché de a animé cet exercice de sensibilisation collective avec quatre autres collègues engagé-e-s dans la lutte de la cause des autochtones au Canada.
Les cinq personnes animatrices avaient toutes un rôle important à jouer lors de l’activité : une personne animatrice, une personne narratrice, un Québécois, un Européen et une Autochtone. L’autochtone a été joué par Rose-Anne Gosselin, algonquine de la nation Timiskaming et conseillère de l’Assemblée des Premières Nations du Québec et du Labrador (APNQL).
L’objectif de cet exercice était de nous sensibiliser à l’expérience de la dépossession vécue par les peuples autochtones du Québec et du Canada, ainsi qu’à ses conséquences aujourd’hui. Cet exercice nous permettait d’expérimenter la dépossession qu’on vécu les Autochtones, ceci afin denous faire comprendre leurs expériences historique, territoriale, culturelle et spirituelle du colonialisme.
Nous nous sommes alors retrouvé-e-s debout sur une dizaine de couvertures à écouter les acteur-trice-s raconter leur histoire tragique de la dépossession. Année après année, décennie après décennie, pendant la lecture de l’histoire au fil des années et au fur et à mesure des traités et des guerres, nous devions plier les couvertures et les déplier ou même les retirer.
Plier les couvertures signifiait la dépossession de la terre. Certaines personnes se sont fait demander de retirer leurs couvertures et de se mette en retrait pour représenter la moitié des personnes autochtones décédées des maladies dont elles n’avaient jamais entendu parler avant la présence des Européens. D’autres ont du retirer leurs couvertures pour représenter les enfants décédés dans les pensionnats indiens, qui furent présents au Canada jusqu’en 1996. D’autres ont été déplacées vers d’autres couvertures pour représenter la relocalisation des communautés autochtones lorsque le gouvernement canadien a repris possession des terres afin d’exploiter les ressources naturelles du territoire… À la fin de l’exercice, nous nous sommes retrouvé-e-s avec un morceau si petit que nous pouvions à peine nous y tenir debout.
© kairosblanketexercise.org
Les couvertures constituaient une belle manière de représenter les terres où se retrouvaient les Autochtones dans l’histoire du Canada. La couverture est un symbole fort, puisque plusieurs personnes autochtones sont décédées de l’épidémie de variole causée par des couvertures infectées par des commandants militaires lors des années de confrontation dans la région des Grands Lacs. L’exercice s’est terminé avec un cercle de partage où tout le monde a exprimé leurs sentiments face à cet exercice.
De plus, un atelier parmi les douze offerts abordait également les enjeux autochtones au Québec tout en faisant une comparaison avec les Autochtones de l’Amérique latine. Animé par une abénakise d’Odanak, Suzie O’Bomsawin, l’atelier a traité des enjeux autochtones au Québec, et ce,à plusieurs niveaux :cuturel, environnemental, social et territorial. Les personnes participantes curieuses et sensibilisées à la cause pourront approfondir leurs connaissances sur ces enjeux grâce aux nombreuses ressources partagées à la fin de l’atelier, telles que le documentaire produit par l’organisme Wapikoni Mobile « Awake : A Dream from Standing Rock » disponible sur Netflix.
© Wapikoni Mobile
Enfin, la conférence de clôture de cette fin de semaine était elle aussi inspirante et imprégnée d’ouverture envers le monde et le multiculturalisme, autant au Québec qu’à l’international. Webster, un rappeur québécois et un historien, nous a entretenu de l’histoire des noirs au Québec depuis sa fondation. Ses paroles éclairantes nous amène à réfléchir sur le sujet et nous éclaire sur notre manière d’agir envers les noirs, ainsi qu’envers les autochtones : « Notre histoire est plurielle, notre identité est colorée, regardons notre passé pour vivre notre avenir » et « Bâtissez des ponts avec ces personnes! ».
À peine à quelques mois de nos départs à l’international, certains d’entre nous auront le privilège de collaborer avec des communautés autochtones d’ailleurs. Grâce à ces projets de solidarité internationale, nous ouvrirons les yeux sur les inégalités ou les injustices entre pays. Ainsi, au retour, nous devrons garder les yeux ouverts quant aux enjeux et inégalités qui persistent à l’intérieur du pays. Le fait d’avoir autant abordé le sujet des autochtones lors de cette fin de semaine démontre qu’il nous reste encore un long chemin à parcourir afin de reconnaitre entièrement l’histoire des autochtones au Canada, mais également afin de se réconcilier et de la reconnaitre comme étant NOTRE histoire, celle du Canada, et non comme une histoire à part.
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