Les êtres humains ne sont pas tous égaux face à leur rapport avec la nature. Il existe un impact différencié des changements climatiques sur certains groupes sociaux. À vrai dire, les conséquences engendrées par la modification du climat sont disproportionnées sur les femmes, les minorités de genre et les populations du Sud.
Pourquoi ?
Les systèmes d’oppression dans lesquels ces groupes gravitent ont un impact direct sur leur agentivité, leur impact, leur représentation dans les sphères de décision, notamment par rapport aux financements climatiques et sur la portée de leurs voix et revendications sur le sujet.
J’aimerais apporter une nuance, les femmes et les communautés du Sud ne sont pas vulnérables, mais bien ils-elles subissent les répercussions de systèmes d’oppression comme le patriarcat, le colonialisme et le racisme. De ce fait, ça les positionne souvent dans des situations de vulnérabilité.
En fait, ces groupes sont des acteurs et actrices de changement, ils sont porteur-euse-s de solutions concrètes et ils-elles sont mobilisé-e-s pour la justice climatique et écologique. Les femmes et les communautés nous proposent des solutions et nous sommes en mesure de les appliquer. Est-ce qu’on pourrait pour une fois être solidaire et comprendre que la crise climatique est internationale et globale et qu’on doit inclure tout le monde dans la discussion ?
Genre et climat : combinaison difficile
Les femmes ont des besoins et une approche différente face aux changements climatiques. Tandis que les hommes ont tendance par exemple à miser sur les solutions techniques et technologiques dans l’action climatique, les femmes privilégient plutôt l’implication directe et les changements de comportement.
Il y a une absence d’intégration de la dimension de genre dans la lutte pour le climat, et ce autant au niveau des politiques gouvernementales que dans la société civile. En développement international, les projets avec l’égalité de genre comme principal objectif sont quasi inexistants en financement climatique. L’absence de la dimension de genre dans les réponses aux changements climatiques risque d’exacerber les inégalités existantes.
Les groupes féministes travaillent sur les inégalités de genre et les groupes environnementaux travaillent sur l’action climatique, mais la considération des deux luttes en simultané est absente.
Pour être en mesure d’atteindre nos objectifs pour le climat tout en n’exacerbant pas les inégalités sociales, il faut que les groupes féministes s’impliquent davantage dans la lutte aux changements climatiques et que les groupes environnementaux se préoccupent des enjeux de genre. Il faut créer des alliances stratégiques entre ces deux groupes ainsi que les communautés autochtones et les groupes sociaux concernés, car il est nécessaire d’aborder la question avec un point de vue intersectionnel.
Justice climatique féministe intersectionnelle : la solution ?
La justice climatique féministe signifie d’aborder la question des changements climatiques, comme un problème social complexe et à travers une analyse intersectionnelle qui vise les causes profondes des inégalités et la transformation des rapports de pouvoir.
L’intersectionnalité est un outil d’analyse pour comprendre l’intersection de multiples systèmes d’oppression.
L’intersectionnalité, c’est de voir que le système actuel contribue non seulement à maintenir une doctrine de domination sur certaines communautés, mais aussi à garder un contrôle d’exploitation sur la nature. Bref, on ne peut pas traiter les combats de manière différente : parce qu’ils sont liés !
L’approche intersectionnelle est fondamentale pour arriver à une justice climatique et à une adaptation climatique juste, parce que les stratégies et actions qui vont être mises en place seront réalisées en fonction des besoins différenciés des femmes et des communautés du Sud. Il faut des financements dédiés à la question genre et climat. Après tout, c’est un enjeu structurel donc il faut une réponse structurelle !
Par le fait même, on assure une meilleure représentation des femmes et des groupes sociaux marginalisés dans les sphères de décision en lien avec le climat.
En conclusion, le genre doit être intégré dans les projets et activités climatiques de manière systématique et transversale. Il faut donc favoriser des approches globales et apporter des changements immédiats, inclusifs, justes et surtout qui considèrent le genre et les réalités de toutes les populations de la planète. Sans une mobilisation mondiale adaptée et équitable, notre impact ne sera pas suffisant et surtout nous continuerons d’alimenter et de reproduire des systèmes d’oppression existants.
Mollie Dujardin
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